Victimisation et réhabilitation
La réhabilitation des auteurs et l’accompagnement des victimes constituent deux objectifs primordiaux de la justice restaurative. Cette forme de justice permet d’agir, parallèlement aux actions de prévention, contre la récidive et le sentiment de “victimisation”.
Réhabilitation des auteurs et gestion de la récidive
Le développement de la justice restaurative demande un accompagnement strict des auteurs judiciarisés afin d’éviter la récidive en développant une justice alternative basée sur la réparation du dommage, la conscientisation des auteurs et la médiation entre auteur et victime. Les auteurs non judiciarisés et les mineurs sont des publics qui nécessitent une attention particulière afin de leur
éviter toute entrée dans l’entonnoir pénal. Cette justice alternative permet également d’éviter au mieux le sentiment de victimisation des auteurs.
1° Introduction Â
De façon gĂ©nĂ©rale, la rĂ©habilitation renvoie Ă l’idĂ©e que l’on puisse avoir recours aux mesures pĂ©nales afin de transformer les personnes judiciarisĂ©es de façon Ă ce qu’elles deviennent des individus qui puissent rĂ©pondre Ă un certain nombre de critères normatifs et politiques. La finalitĂ© de la rĂ©habilitation est une autonomisation des individus c’est-Ă -dire de produire des individus en mesure d’agir par eux-mĂŞmes Ă titre de sujets1.  Â
La “rĂ©habilitation des auteurs 18-25 ans” fait rĂ©fĂ©rence aux actions mises en place pour aider les auteurs d’infractions, Ă la sortie de prison ou lors d’une mesure judiciaire alternative, Ă se (rĂ©)insĂ©rer dans l’ensemble des dimensions de la sociĂ©tĂ©. Les personnes de 18-25 ans font rĂ©fĂ©rence Ă une certaine catĂ©gorie que l’on nomme ici “la jeunesse”. Â
Ce public particulier demande un traitement spĂ©cifique car souvent, la peine privative de libertĂ© n’a que peu d’impact sur la prĂ©vention de la rĂ©cidive et ce, en raison de leur situation souvent multi problĂ©matique comme par exemple : un très faible niveau scolaire, une expĂ©rience professionnelle limitĂ©e ou une attitude problĂ©matique au travail, des dettes considĂ©rables, des problèmes de logement, des usages de drogues et/ou d’alcool, un sentiment de rejet et de dĂ©fiance envers les institutions, etc. Â
La transition entre la prison et le monde extĂ©rieur peut ĂŞtre très difficile et certains se sentent “catapultĂ©s”. Il est alors important d’anticiper cette situation et de guider ces personnes. Le mieux serait d’éviter les peines privatives de libertĂ© en se tournant vers des peines Ă dimension pĂ©dagogiques appelĂ©e “mesures judiciaires alternatives”. Â
Le dĂ©veloppement de la justice restaurative demande un accompagnement strict des auteurs judiciarisĂ©s afin d’éviter la rĂ©cidive en dĂ©veloppant une justice alternative basĂ©e sur la rĂ©paration du dommage, la conscientisation des auteurs et la mĂ©diation entre auteur et victime. Cette justice alternative permet Ă©galement d’éviter au mieux le sentiment de victimisation des auteurs.   Â
Par exemple, en 2018, le lĂ©gislateur encourage les formes alternatives de rĂ©solution des litiges en proposant une dĂ©finition de la mĂ©diation pĂ©nale ainsi que les critères qui la distingue de la mĂ©diation extra judiciaire :Â
- La mĂ©diation est “judiciaire” lorsque le mĂ©diateur, qui doit ĂŞtre un mĂ©diateur agrĂ©Ă© par la Commission fĂ©dĂ©rale de mĂ©diation, est nommĂ© par le juge Ă la demande des parties, ou de sa propre initiative mais avec l’accord de celles-ci.Â
- La mĂ©diation est “extra judiciaire” lorsque les parties, qui sont ou non en procès, s’accordent, sans en rĂ©fĂ©rer au juge, pour tenter une mĂ©diation et ce, en se conformant au mode lĂ©gal, c’est-Ă -dire en signant un protocole de mĂ©diation rĂ©pondant aux exigences de la loi et en faisant appel Ă un mĂ©diateur agrĂ©Ă©.Â
Les SEMJA (Services d’Encadrement des Mesures Judiciaires Alternatives) sont chargĂ©s quant Ă eux de mettre en place et d’organiser au niveau local, les peines de travail autonomes (PTA) et des travaux d’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©raux (TIG) en veillant Ă l’utilitĂ© publique des prestations. Â
Les peines de travail d’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral (de 20 Ă 300 heures) sont proposĂ©es seulement aux personnes majeures pour des infractions n’excĂ©dant pas 5 ans d’emprisonnement. La peine de travail d’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral est exĂ©cutĂ©e gratuitement dans les services publics et les associations sociales, culturelles ou scientifiques.Â
En Belgique, le système carcĂ©ral se trouve dans un Ă©tat de crise quasi permanent. Un consensus se dĂ©gage autour du fait que les prisons belges ne sont plus appropriĂ©es pour rĂ©aliser leur tâche centrale : la prĂ©paration individuelle et sĂ»re des personnes Ă un retour rĂ©ussi dans la sociĂ©tĂ©. Â
C’est pourquoi, une approche intĂ©grale et surtout intĂ©grĂ©e doit ĂŞtre promue via l’action “transversale” au sein du dĂ©veloppement indispensable de la justice alternative. Â
Une question empirique pertinente se pose alors : quel vĂ©ritable encadrement des mesures judiciaires alternatives (TIG/PTA) en Belgique ? Â
Deux enjeux principaux ont Ă©tĂ© identifiĂ©s dans l’élaboration d’une stratĂ©gie transversale de rĂ©habilitation des auteurs 18-25 ans : Â
- Les SEMJA semblent des services vouĂ©s Ă l’échec (base lĂ©gale inexistante, dĂ©finition des rĂ´les peu claire avec les autres maillons de la chaĂ®ne comme les maisons de justice, manque de moyens et d’effectifs humains, rarĂ©faction des lieux de prestation, l’augmentation des personnes au profil multidiagnostic …) Â
Sur ce point, le Befus a de nombreuses fois contactĂ© le Ministre de la Justice afin de demander une reconsidĂ©ration des SEMJA via l’octroi de frais de fonctionnement, une re-nĂ©gociation des conventions futures, par la clarification du mode d’évaluation des semjas, et par une refonte (rĂ©alisĂ©e en concertation avec les acteurs de terrain) des avantages de l’ancienne loi (enquĂŞte sociale, guidance, arrĂŞt de l’obligation lĂ©gale de l’envoi d’un recommandĂ©, …) avec ceux de la nouvelle loi (application automatique d’une peine subsidiaire en cas d’inexĂ©cution volontaire de la peine de travail,…). Â
- Au sein des mentalitĂ©s, l’aspect “rĂ©insertion” doit encore se faire une place afin de se substituer Ă l’aspect “rĂ©pressif” de la peine et de l’après-peine.Â
2° Pratiques prometteuses : Â
Les villes et communes belges dĂ©veloppent leur propre politique locale de prĂ©vention, de sĂ©curitĂ© et de cohĂ©sion sociale. En tant qu’organisation Ă but non lucratif au service des collectivitĂ©s locales, BeFUS asbl facilite la coopĂ©ration, le soutien et l’inspiration dans la lutte contre les phĂ©nomènes liĂ©s Ă la sĂ©curitĂ© et le dĂ©ploiement de mĂ©thodologies innovantes. Â
Parmi le nombre important de pratiques prometteuses qui ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©es, encouragĂ©es ou promues par le BeFUS asbl depuis 25 ans, nous souhaitons en prĂ©senter certaines qui ont eu un rĂ´le majeur dans la stratĂ©gie de rĂ©habilitation des auteurs 18-25 ans et qui respectent les critères analytiques suivants : une mĂ©thodologie prometteuse, une approche transversale, une nĂ©cessitĂ© d’adaptations du cadre lĂ©gal, un financement particulier, une Ă©valuation et/ou une communication hors du commun.Â
Les pratiques sont relatives aussi bien Ă la rĂ©insertion post-dĂ©tention, au dĂ©veloppement de la justice restauratrice, qu’à l’inclusion de la jeunesse dans l’idĂ©e d’un travail global et systĂ©mique.Â
Le BeFUS, vecteur de transversalitĂ©, n’a cessĂ© de promouvoir ce mode d’action. A titre d’exemple, nous retrouvons les pratiques suivantes :Â
2007 : lancement du rĂ©seau national FEDEPAS (FĂ©dĂ©ration pour les peines de travail autonomes), organisation de fait ayant pour but de rassembler les services d’encadrement des mesures judiciaires alternatives nĂ©erlandophones et francophones Ă©tablis Ă Bruxelles, en Flandre et en Wallonie. Depuis mars 2012, la FedepAs fait partie du BeFUS. C’est un lieu d’intervision oĂą sont abordĂ©s des sujets propres Ă la pratique de terrain. Soulignons 2 projets :Â
-  Cahier de mĂ©thodologie des SEMJAÂ
- Fiche relative aux problĂ©matiques rĂ©currentes auxquelles les coordinateurs des SEMJA font faceÂ
2009 : le Prix belge de prĂ©vention de la criminalitĂ© rĂ©compense le projet “U-TURN”, De Overstap asbl. Ce projet propose un accompagnement de trajet individuel intensif aux jeunes habitants d’Anvers âgĂ©s de 18 Ă 30 ans. Les problèmes plus spĂ©cifiques Ă la jeunesse (scolaritĂ©, logement, emploi, etc.) sont abordĂ©s dans le cadre d’un accompagnement individuel, mais aussi de formations de groupe sur la base de la mĂ©thode Equip. Les jeunes apprennent ainsi Ă acquĂ©rir des aptitudes sociales, Ă maĂ®triser leur colère et Ă faire moralement de bons choix.Â
2010 : projet “Jeunes JugĂ©s DĂ©rangeants” Ă Charleroi afin de dĂ©nouer les tensions par la mĂ©diation. La cellule “JDD” a pour mission de gĂ©rer les plaintes, objectiver les faits, Ă©couter les jeunes et les habitants, jouer un rĂ´le de relais pour rĂ©duire les tensions et construire des  solutions  concrètes  en  partenariat  avec  les acteurs locaux. La cellule s’appuie sur une mĂ©thodologie spĂ©cialement crĂ©Ă©e, “MĂ©duc”, qui fait collaborer les mĂ©diateurs de quartier et les Ă©ducateurs de rue.Â
2014 : projet “BruXitizen” dont l’objectif est de crĂ©er un espace de rencontre entre jeunes de tous horizons (16 Ă 25 ans), de diffĂ©rents quartiers et susciter une vision critique et engagĂ©e sur les problĂ©matiques que rencontrent les jeunes. La thĂ©matique centrale de l’annĂ©e 2014 (3ième Ă©dition) Ă©tait : “Emploi, quartier, police : jeunesse entre contrĂ´le et autonomie ?” (Molenbeek).  Â
25/02/2015 : projet pour l’harmonisation règlementaire des SEMJA. Courrier du BeFUS Ă la FĂ©dĂ©ration Wallonie Bruxelles Administration gĂ©nĂ©rale des maisons de justice.Â
2020 : Projet de “maison de transition” (Ă Malines, soutenu par le SPF Justice et G4s) : action qui consiste Ă trouver un plan de vie (par Ă©tape) au dĂ©tenu avant sa sortie. DĂ©tention Ă petite Ă©chelle dans un foyer de 15 dĂ©tenus logĂ©s Ă partir de 12 mois avant la libĂ©ration conditionnelle et sĂ©lectionnĂ©s dans toutes les prisons de Belgique pour leur “capacitĂ© de rĂ©insertion”. Une deuxième maison a Ă©galement Ă©tĂ© crĂ©Ă©e Ă Enghien en janvier 2020. Â
3° Conclusion Â
Le BeFUS asbl offre la possibilitĂ© de relever des dĂ©fis sensibles/nouveaux/(rĂ©)Ă©mergents et de s’appuyer sur l’expertise dĂ©jĂ acquise dans ce domaine. Aux vues des enjeux prĂ©sentĂ©s prĂ©cĂ©demment, en 2020, nous souhaitons insister sur la nĂ©cessitĂ© de soutien aux actions qui reposent sur le dĂ©veloppement de la justice restauratrice et ce, via la constitution de partenariats afin de pouvoir travailler en commun au niveau de chacune des dimensions de la rĂ©insertion/rĂ©habilitation. Â
Les services communaux de prĂ©vention sont mis en avant comme l’acteur pivot de la gestion partenariale de la rĂ©habilitation grâce Ă leur mode de fonctionnement inclusif et polyvalent et leur ancrage local qui facilitent la dynamique participative et de proximitĂ© entre les acteurs et les institutions. De plus, l’élu local doit pouvoir exercer un droit de regard sur le monde carcĂ©ral et faciliter la construction de passerelles entre l’intĂ©rieur et l’extĂ©rieur des prisons. Or, cette construction repose souvent sur l’action d’associations qui jouent un rĂ´le clef dans la rĂ©habilitation et la rĂ©insertion des anciens dĂ©tenus (rĂ©solution du ComitĂ© ExĂ©cutif de l’EFUS, 2011). Â
Les principaux dĂ©fis Ă relever afin de parvenir Ă dĂ©velopper un travail transversal et de collaboration pour la rĂ©habilitation des auteurs de 18 Ă 25 ans sont : Â
- Le besoin de coopĂ©rer avec le système judiciaire au niveau local pour jouer un rĂ´le et faciliter la rĂ©intĂ©gration dans l’optique de limiter au maximum l’impact de la peine privative de libertĂ©.  Â
Au niveau des SEMJA, plusieurs recommandations persistent :Â Â
- NĂ©cessitĂ© de reconnaissance officielle du statut des SEMJAÂ
- Concertation avec les SEMJA dans l’Ă©valuation de l’application de la loi sur les PTA (annoncĂ©e mais pas encore concrĂ©tisĂ©e)Â
- L’accès aux informations et le partage du secret professionnel  Â
- Concertation avec les SEMJA concernant les possibilitĂ©s de lieux d’accueil (dĂ©veloppement des lieux de prestation, prise en charge des frais mĂ©dicaux…)Â
- Le financement des services d’encadrement des SEMJA (y compris les frais de fonctionnement) ne peut ĂŞtre pris en charge par les villes et communesÂ
Le suivi des auteurs doit être mis au point grâce à l’amélioration des relations entre services locaux/police et services citoyens. En effet, durant la crise sanitaire Covid-19, de nombreuses difficultés ont été rencontrées par les acteurs chargés de la réhabilitation des auteurs 18-25 ans : la fermeture des lieux de prestations des mesures alternatives, la mise au ralenti des services d’aide concernés et les conséquences de la pandémie sur le monde la justice et les conditions pénitentiaires … Ces exemples ont à nouveau prouvé la nécessité de mettre au point des partenariats solides permettant un réel travail en réseau autour du jeune afin qu’il soit réhabilité au sein de l’ensemble des sphères sociales dont il s’est exclu. Ceci repose entre autres sur une évolution des mentalités (au niveau des politiques publiques mais également vis-à -vis des citoyens) encourageant une gestion préventive de la récidive et un travail inclusif du jeune en voie de rupture pour une meilleure cohésion sociale.
Aide aux victimes
L’accompagnement des victimes est essentiel. Il peut être réalisé en amont grâce aux pratiques de sensibilisation quant aux comportements à adopter sur l’espace public afin d’éviter de devenir victime. Une fois victime, il s’agit de développer un réel encadrement afin de leur éviter un sentiment de “double victimisation”, mais aussi de développer les politiques de gestion des situations de crise, où un grand nombre de victimes se retrouvent démunies.
Victimes de la nuit
La problĂ©matique des agressions sexuelles le soir mĂ©rite amplement d’être surveillĂ©e de près. La prĂ©vention, le contrĂ´le de la situation et la prise en charge des victimes permettent de renforcer la tranquillitĂ© publique et de redorer l’image des institutions de nuit.Â
- Introduction
Le monde de la nuit offre la possibilitĂ© pour la population de se dĂ©tendre et de faire la fĂŞte. Les comportements sont susceptibles de changer du fait de consommation d’alcool et de drogue. Les rĂ©actions des personnes festives sont dès lors fort diffĂ©rentes de celles rencontrĂ©es pendant la journĂ©e. La nuit dĂ©sinhibe souvent les comportements. Durant la fin de l’annĂ©e 2021, Bruxelles et sa population ont Ă©tĂ© tĂ©moins d’agressions sexuelles le soir dans certains Ă©tablissements de nuit ou bars. Ces crimes Ă©taient facilitĂ©s par l’usage de drogues (GHB, MDMA, etc.) de la part des auteurs. Les victimes sont sorties de l’ombre, avec des mouvements comme #BalanceTonBar, pour dĂ©noncer ces agissements et pointer du doigt de nombreux problèmes dans la rĂ©action apportĂ©e. Trop souvent, la victime qui rapporte de tels faits est confrontĂ©e Ă bien peu de considĂ©ration. Des questions sont posĂ©es sur la consommation d’alcool de la victime (Ă©tait-elle saoule ou non ?), sur sa tenue, etc. Ces paroles mettent en avant une responsabilitĂ© de la victime, crĂ©ant ainsi une double victimisation. Â
On comprend très vite pourquoi ce phĂ©nomène ne doit pas ĂŞtre pris Ă la lĂ©gère. Premièrement, puisqu’il porte atteinte Ă©videmment Ă l’intĂ©gritĂ© physique et psychologique des personnes victimes de ces actes. Deuxièmement, ces Ă©vènements portent atteinte Ă la confiance que la population attribuait aux Ă©tablissements de nuit et cela crĂ©e Ă©galement un sentiment d’insĂ©curitĂ©. Les activitĂ©s de nuit reprĂ©sentent un marchĂ© Ă©conomique important, marchĂ© qui dès lors se verrait restreint par ce sentiment d’insĂ©curitĂ© qui parait ĂŞtre grandissant. Enfin, la confiance placĂ©e dans les autoritĂ©s pour rĂ©agir et prendre en charge les victimes s’est Ă©galement Ă©rodĂ©e ce qui pose, au sein de la population, des questions de lĂ©gitimitĂ©.Â
Les atteintes sont donc multiples et diverses. Les enjeux comprennent des questions :Â
- De sĂ©curité : comment mieux assurer la sĂ©curitĂ© des consommateurs ? Quel travail de prĂ©vention effectuer ? Â
- Économiques : comment redorer le blason des Ă©tablissements de nuit pour inciter les personnes Ă continuer de les frĂ©quenter ?Â
- De légitimité : quel rôle les autorités locales peuvent-elles jouer pour endiguer efficacement les agressions sexuelles dans les bars ? Comment éviter les discours de double victimisation ?
- Pratiques prometteuses
Les autoritĂ©s locales qui gèrent les Ă©tablissements de nuit connaissent mieux la situation que d’autres autoritĂ©s situĂ©es sur des Ă©chelons plus Ă©levĂ©s. Le local semble le mieux placĂ© pour prendre en charge la situation et promouvoir des pratiques efficaces pour endiguer ces pratiques. Les autoritĂ©s locales sont plus proches du citoyen et peuvent donc promouvoir un certain type de pratiques plus efficacement. Â
Voici des exemples de pratiques pour lutter contre les agressions sexuelles : Â
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- Les centres de prise en charge des violences sexuelles (CPVS) sont des centres spĂ©cialisĂ©s pour recevoir les victimes d’agressions sexuelles. Il en existe trois en Belgique actuellement. Ayant vu le jour il y a trois ans, ces centres proposent des services spĂ©cifiques pour prendre en charge la victime :Â
- Des soins mĂ©dicauxÂ
- Un examen mĂ©dico-lĂ©gal qui contribue notamment Ă la rĂ©colte de preuves utiles en cas de dĂ©pĂ´t de plainte Ă©ventuelUn soutien psychologique pour Ă©couter la victime avec la possibilitĂ© d’un suivi pour permettre Ă cette dernière de se reconstruireÂ
- La possibilitĂ© de porter plainte auprès de la police qui fait le dĂ©placement. Cela Ă©vite Ă la victime de se rendre dans un commissariat, qui correspond Ă une dĂ©marche lourde après un viol.Â
Force est de constater que ce service n’est pas prĂ©ventif des violences sexuelles, et est surtout rĂ©actif, mais il est pourtant primordial. En effet, ce dont la victime a besoin est mis Ă sa disposition immĂ©diate et un vĂ©ritable suivi est crĂ©Ă©. De plus, au-delĂ de cette mission principale qui est de prendre soin de la victime, des Ă©chantillons peuvent ĂŞtre rĂ©coltĂ©s (sperme, cheveux, tissu) dans un dĂ©lai bref en fonction Ă©videmment du moment oĂą la victime consent Ă se rendre dans un CPVS. Ces preuves sont principalement des matĂ©riaux biologiques et disposent d’une durĂ©e de vie fort limitĂ©e. La promotion d’une prise en charge rapide est donc essentielle, ces Ă©lĂ©ments de preuve peuvent servir de base pour rechercher la vĂ©ritĂ© et prouver la culpabilitĂ© de l’auteur des faits.Â
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- La ville de Malines compte mettre en place le programme du “Ask for Angela”. LancĂ© en Angleterre en 2016, le programme “Ask for Angela” permet aux personnes qui se sentent en danger, et qui n’ont personne vers qui se tourner, de demander Angela auprès des serveurs/serveuses, tenanciers, organisateurs, etc. Agissant comme un nom de code, ceux-ci comprennent que quelque chose ne va pas et peuvent prendre alors des mesures pour remĂ©dier Ă la situation. Ce programme requiert un minimum de mise en place, Ă savoir l’affichage de posters dans les toilettes de l’établissement permettant de prendre connaissance du code. Celui-ci peut Ă©videmment varier. On peut très bien imaginer une commande d’un cocktail qui n’est pas affichĂ© aux yeux de tous, etc. La rĂ©ponse apportĂ©e peut tout aussi bien changer selon les Ă©tablissements mais aussi en fonction de la situation. Faire sortir la personne discrètement, l’accompagner dehors et lui appeler un taxi.Â
- La ville de Bruxelles a Ă©galement Ă©tabli un plan d’action appelĂ© “Rien sans mon consentement”1. Ce plan met en avant 77 mesures pouvant ĂŞtre utilisĂ©es pour lutter contre le harcèlement et les violences sexuelles. On peut retrouver Ă travers ce document des formations des agents de police pour les sensibiliser Ă la situation de la victime pour notamment Ă©viter la double victimisation. Ce plan d’action travaille entre autres sur le dĂ©veloppement d’un plan spĂ©cifique dit “nuit”.
- Des applications existent pour prĂ©venir des actes attentatoires Ă la sĂ©curitĂ© des personnes. La plupart du temps, la promotion de ces applications se fait Ă un niveau europĂ©en, mais envisager une promotion au niveau local reste une possibilitĂ©. L’application “RightsApp” permet notamment aux citoyens d’avoir un accès rapide au numĂ©ro d’urgence 112, un accès aux droits des victimes par l’utilisation d’un questionnaire et l’apport d’informations sur les centres d’aide aux victimes, entitĂ©s, consulats, ambassades, etc. “App-Elles” constitue un autre exemple d’application permettant ici de lutter spĂ©cifiquement contre la violence basĂ©e sur le genre. Cette application s’axe sur trois branches : l’aide, le support et l’apport d’informations. L’aide est apportĂ©e Ă la victime Ă travers un rĂ©seau de personnes de confiance qu’elle construit, par la gĂ©olocalisation de son appareil et permet Ă la victime d’être entendue en temps rĂ©el. Le support est constituĂ© d’un rĂ©seau de lignes tĂ©lĂ©phoniques professionnelles de crise pour les victimes et les tĂ©moins. L’apport d’informations reprĂ©sente des outils mis Ă la disposition du citoyen : cartes, conseils, sites, etc. Cette application constitue un bĂ©nĂ©fice pour les autoritĂ©s locales puisqu’elle permet, entre autres, d’augmenter la visibilitĂ© des services et programmes locaux, de centraliser les informations qui seront gĂ©rĂ©es par les administrateurs locaux et des coĂ»ts partagĂ©s de communication et pour la mise en place d’outils2. Enfin, l’application “Umay” sert Ă rĂ©pertorier des lieux sĂ©curisĂ©s pour les victimes de harcèlement de rue. Elle comprend un bouton d’alerte et une carte reprenant les lieux/abris pour les victimes3.
- Conclusion
Les actions de prĂ©vention en ce qui concerne la violence dans les Ă©tablissements de nuit relèvent de la compĂ©tence du local. En effet, ce sont ces autoritĂ©s qui connaissent le mieux les diffĂ©rents quartiers, Ă©tablissements et parfois mĂŞme les gĂ©rants. Elles sont donc les plus Ă mĂŞme de mener des actions “chirurgicales”, en agissant avec une meilleure prĂ©cision que ne le feraient d’autres autoritĂ©s supralocales. Â
Les projets en la matière continuent d’être dĂ©veloppĂ©s. L’EFUS a rĂ©cemment publiĂ© un appel Ă projets4 pour prĂ©venir et combattre la violence basĂ©e sur le genre ayant comme objectifs de « renforcer la capacitĂ© des autoritĂ©s locales et rĂ©gionales Ă dĂ©tecter, prĂ©venir et combattre la violence fondĂ©e sur le genre, en particulier la violence domestique […] ».Â
BeFUS, en tant que rĂ©seau de communes belges, souhaite mettre en partage les outils et les discussions sur cette matière pour arriver en finalitĂ© Ă la construction d’une boite Ă outils permettant de lutter efficacement contre ces violences. Ces agressions sexuelles gangrènent le sentiment de sĂ©curitĂ© de la population et la confiance que celle-ci place dans les autoritĂ©s Ă contenir la situation, il semble donc important d’apporter une rĂ©ponse rapide et efficace.Â